De tous les livres évoqués dans cette série le pothi est probablement celui dont la forme est la plus familière au regard occidental. C’est en effet la forme que revêtent les écrits bouddhistes conservés dans les monastères de Haute-Asie. Commun à la Mongolie et au Tibet, le lamaïsme a été popularisé chez nous par Hergé dans Tintin au Tibet. Bien au-delà de la légitime sympathie due au peuple tibétain, menacé sur son propre sol à la fois dans son identité et dans sa survie, le lamaïsme a suscité en Europe de l’ouest un intérêt auquel l’exotisme et le pittoresque ne sont sans doute pas totalement étrangers.
De nombreuses photos montrent l’intérieur de temples où des lamas sont plongés dans la lecture de ces ouvrages religieux si particuliers.
Le pothi se présente comme une pile de longues et étroites feuilles de papier séparées et portant sur chaque face un texte manuscrit ou imprimé. Les feuilles empilées sont posées sur une table basse, leur côté long parallèle au corps du lecteur (comme c’était déjà le cas pour les ôles indiennes dont le pothi est directement issu). Au fur et à mesure de sa lecture le lama retourne chaque feuille et constitue une nouvelle pile de feuilles derrière la première.
Les deux faces de chaque feuille sont dont écrites (au calame ou au pinceau) tête-bêche. L’ensemble peut être enserré entre des plats de carton ou de bois, à l’ornementation parfois très élaborée, et enveloppé dans une pièce de tissu.
Pour les exemplaires imprimés anciens on avait traditionnellement recours à la xylographie. A chaque page correspond une planche de bois gravée en relief. Les planches gravées, stockées sur de robustes rayonnages, permettaient également au voyageur de passage, apportant papier et encre, de faire imprimer le texte de son choix moyennant rétribution.
Actuellement on grave toujours des planches à destination des touristes, au Népal par exemple et l’on imprime parfois des pothi selon des procédés modernes mais il s’agit alors d’éditions de luxe comme pour le volume du Kandjour photographié ici.