Gravure en partage | l’histoire des plaques
samedi 6 juillet 2019 par Mö
L’histoire des plaques
Au départ, une première plaque, un beau carré réfléchissant de cuivre, bien préparé, bords biseautés, adoucis par les passages successifs du brunissoir et une première intervention, le cœur d’un arbre avec ses ramifications profondes dans une eau forte au perchlorure de fer maitrisée. L’acide a bien attaqué, cela peut être irrémédiable et laisse à penser qu’il n’y aura que bien peu de place pour l’autre et que tout se jouera dans l’entre-deux. Ensuite, devant la morsure affirmée du végétal, avec remords, on désacralise ce premier acte que donne ici en partage le graveur et on commence à effacer, gratter, ronger pour bousculer la composition, changer d’espace et mettre le poisson, le beau thon, se jeter à l’eau, et, se morfondre d’avoir osé l’intervention ! C’est pourquoi, une seconde plaque de zinc mat de même format s’ajoute à l’histoire de ces gravures en partage, pour donner le change, l’échange toujours. À chaque réception des supports, après l’intervention, le graveur imprime quelques tirages qui témoignent de son intervention. Il n’y a pas de cahier des charges sur la nature de l’encre, une entente préalable a simplement défini le format de l’impression. C’est la résultante de ces plaques malmenées que nous vous donnons à voir avec l’entre-deux photographié, comme des prédelles* (près-d’elles) qui témoignent du geste, de l’action, de la chose se faisant. Donner à voir, donner de soi pour vous, dans ce temps suspendu, des carrés de nous.
* Soubassement d’un retable, habituellement compartimenté en petits panneaux dont l’iconographie est en relation avec le sujet principal du tableau d’autel.
| Gravures en partage | Pascal GIRARD & Moïse LEFEBVRE FILLION